Ce samedi 8 avril, les "Artisans de paix" du Pays Basque ont posé
des actes porteurs d'espoir et de paix, en fournissant à la Police française une liste de 8 caches
d’armes qui constitueraient ce qu’il reste de l’arsenal de l'organisation indépendantiste
ETA.
La remise par l’organisation séparatiste basque ETA aux
autorités françaises samedi d’une liste de caches d’armes est "un jour incontestablement
important", a dit ce samedi à Paris le ministre de l’Intérieur Matthias Fekl.
Jean-René
Etchegaray, le président de l’Agglomération du Pays basque et maire de Bayonne a pris la parole. Il
soutient depuis le début le mouvement impulsé par les "artisans de la paix" en vue d’un désarmement
d’ETA. "Nous pouvons tous nous réjouir de ce moment majeur, que nous sommes en train de vivre.
Beaucoup d’entre nous sommes des artisans de la paix".
Selon le journal Sud-Ouest, Le geste a été célébré par un grand
rassemblement à Bayonne.
Près de 20 000 personnes sont venues saluer le geste
des "artisans de la paix", ce samedi après-midi, sous le soleil de Bayonne. Les personnalités de ce
mouvement pacifistes, membres de la société civile, d’associations ou élus, avaient prévu "une
Journée du désarmement" en présence de quelques figures éminentes, comme l’ancien président de la
Ligue des Droits de l’Homme Michel Tubiana ou Harold Good, ce pasteur qui avait contribué au
désarmement de l’Armée républicaine irlandaise (IRA).
Tribune des organisations non-violentes française
Pour faire taire les fusils, les Artisans de la
Paix du Pays Basque montrent la voie de la non-violence
"Le samedi 8
avril prochain, répondant à l’appel des Artisans de la Paix du Pays Basque, des milliers de
personnes participeront à une initiative unique en Europe : le désarmement populaire et non-violent
d’une organisation militaire, l’ETA. L’ensemble des familles non-violentes françaises seront alors
à leurs côtés, et espèrent qu’il n’y aura aucune tentative de la part des autorités françaises et
espagnoles pour empêcher cette étape majeure vers une paix définitive au Pays basque.
En
2011, après 5 décennies de guerre larvée et plus d’un millier de morts, le Pays Basque tourne la
page de la violence armée. A la conférence d’Aiete, l’ETA s’engage publiquement à rendre les armes
qu’elle cache encore chez ses sympathisants. Mais cette volonté se heurte immédiatement au refus
des gouvernements espagnol et français de discuter avec l’organisation indépendantiste basque du
processus de paix ainsi amorcé. C’est tout l’édifice d’Aiete qui est mis en péril, menaçant même
son préalable indispensable, le désarmement effectif de l’organisation ETA.
Des
personnalités de la société basque, bien connues pour leur engagement non-violent, parviennent
alors à un accord avec les dirigeants de l’ETA qui acceptent de leur déléguer la responsabilité du
démantèlement de leur arsenal. Ces « Artisans de la Paix » neutralisent ainsi une cinquantaine de
fusils d’assaut, pistolets mitrailleurs et autres revolvers en sciant leurs canons et en perçant
leurs barillets. Mais les autorités espagnoles et françaises décident leur arrestation. Il faudra
les manifestations pacifiques de milliers de personnes et la mobilisation de 700 élus de tous bords
politiques pour obtenir leur libération, après quelques jours.
Cette action non-violente
nouvelle en Europe montre combien la non-violence et l’engagement citoyen ont à apporter à la
résolution des conflits des temps actuels. Depuis plusieurs décennies des « interventions civiles
de paix » se déroulent aux quatre coins du monde afin de prévenir ou de faire cesser la violence
et, en particulier, de créer les conditions d’une solution politique des conflits qui reconnaisse
et garantisse les droits fondamentaux des parties en présence et leur permette, dans le même temps,
de définir les règles d’une coexistence pacifique. C’est la première fois qu’une intervention
civile de paix se déroule au cœur de l’Europe occidentale.
L’action du samedi 8 avril, si
elle permettait le désarmement intégral d’ETA, serait ainsi un événement historique. Elle
montrerait que l’action non-violente et l’implication de la société civile peuvent être une force
immense et efficace lorsqu’elles sont déterminées à construire un monde plus juste.
Après
le désarmement, la prochaine étape sera de panser les plaies et de soigner les blessures du passé
en organisant des formes de reconnaissance ou de réparation en faveur de l’ensemble des victimes et
de leurs familles, en faisant toute la vérité sur les épisodes les plus noirs du conflit, en
organisant le rapprochement des prisonniers puis leur libération et, bien sûr, en permettant une
nécessaire justice transitionnelle, sur le modèle, par exemple, de ce qui permit à l’Afrique du Sud
ou encore au Pérou de sortir par le haut des conflits qui les avaient déchirés. Tout ce travail et
ces mesures permettront ainsi de mettre en place les conditions d’une réconciliation nationale et
d’un vivre-ensemble renouvelé."
Organisations signataires :
Action Non-Violente COP21
AFC
UMANI – Corse
Alternatiba
Amis de la terre
Association pour la communication
non-violente (ACNV)
CANVA Coordination de l’Action Non-Violente de l’Arche
Centre de
ressources sur la non-violence de Midi-Pyrénées
Communauté de l’Arche de Lanza del Vasto
Coopérations A la Paix (CAP) -région PACA
Génération Non-Violente
Institut de recherche
sur la résolution non-violente des conflits (IRNC)
Les Désobéissants (Boîte militante)
Mouvement International de la Réconciliation (MIR)
Mouvement pour une alternatives
non-violentes (MAN)
Journal S!LENCE
Personnalités qui soutiennent l’initiative :
Jean-Marie MULLER
(MAN)
Jean-François BERNARDINI (chanteur I Muvrini)
Jon PALAIS (Alternatiba – ANV
COP21)
Kaddour HADADI (chanteur de HK & Les Saltimbanks)